Ethique de la sollicitude et approche féministe de la violence conjugale

Par Anne Delépine - décembre 2016

Comment certains concepts développés par la pensée féministe sont-ils mis au travail dans un groupe de femmes qui étudie la violence conjugale ? L’éthique de la sollicitude (le care) apporte une illustration de la valeur pédagogique des idées féministes.

Manipuler ces idées permet aux femmes de déconstruire des représentations et des mythes qui pèsent sur leurs choix existentiels. En aidant les femmes à prendre distance avec une incapacité apprise et à mieux cerner ce qu’elles veulent et ce qu’elles peuvent, les idées féministes leur proposent des clés pour l’émancipation.

Comprendre, ressentir et faire siennes des valeurs féministes, en les réélaborant au regard de sa propre histoire, son contexte de vie, sa compréhension des grands problèmes socio-politiques, c’est la proposition qui est faite aux femmes participant aux animations du CVFE.

L’expérience de la violence conjugale s’inscrit dans un contexte social sexiste qui assigne les femmes à des positions subalternes de passivité et de soumission. Se libérer de la violence va de pair avec le besoin de s’émanciper de ces conditionnements restrictifs.

Par exemple, la vision d’une femme naturellement douée (« faite ») pour les tâches de soin et d’attention aux autres est associée la plupart du temps à une position sociale de second plan. C’est ici, comme nous allons le voir, qu’une approche féministe du care (to take care en anglais signifie « prendre soin ») s’avère un outil de réflexion pertinent.

Recruter un groupe de femmes concernées par la violence conjugale

L’idée de ce texte nous est venue des productions réalisées par un groupe de femmes qui a travaillé en 2014-2015 à propos de la thématique des violences conjugales.

Le recrutement des participantes pour ce projet s’est fait en diffusant un folder, une simple feuille A4 imprimée, contenant un message déjà porteur de significations importantes en termes pédagogiques. Voilà comment l’invitation a été libellée :

Et si mon expérience pouvait servir aux autres …

Vous avez été victime de violence ? Vous avez des choses à dire ! Utilisons notre créativité pour montrer au monde que les femmes sont fortes et qu’il est possible de s’en sortir !

Initié par Marie-Jo Macors, animatrice chevronnée, ce projet a rassemblé une dizaine de femmes chaque semaine pendant six mois.

Militante féministe contre la violence conjugale depuis la fin des années 70, Marie-Jo Macors est devenue, au fil des ans, une animatrice professionnelle experte en animation de groupes : des groupes de femmes très différentes sur le plan socio-culturel, de l’âge, de la position familiale, de l’origine géographique… mais où les participantes partagent un vécu commun de maltraitances, de discriminations, de guerre, d’exil, …

Mettre au centre des apprentissages la parole et l’action

L’intention à la source du projet, auquel le groupe a rapidement donné le nom de ‘Parole d’espoir’, était de casser l’image de la femme victime, faible, apeurée. L’invitation interpellait les femmes sur leur vécu de violence conjugale, tout en leur indiquant que les femmes sont fortes, que l’espoir d’une vie meilleure est à leur portée, et que, si elles se mettent ensemble, elles peuvent agir avec plus de pouvoir contre les discriminations qu’elles subissent. Sur le plan affectif, l’interpellation était positive, incitant à un certain optimisme.

Plusieurs choses ont donc été signifiées dans cette invitation :

Premièrement, il y transparait que l’implication dans le projet est susceptible de produire des ressentis positifs (force, créativité, …), que la passivité traditionnellement attendue dans l’enseignement magistral ne sera pas de mise, et que chaque participante sera aux manettes de son propre apprentissage, décodant les satisfactions/insatisfactions qu’elle éprouvera en vivant cette expérience avec d‘autres.

La parole est une étape première et essentielle pour que les femmes puissent nommer, partager leur expérience et dénoncer elles-mêmes collectivement les injustices qu’elles ont subies dans la sphère privée. Dévoiler un vécu de victime de violence conjugale n’est pas un acte anodin. Il faut un certain courage. C’est la condition pour que la dimension sociétale des violences conjugales apparaisse aux yeux de toutes à travers la similarité des expériences. Quand cette prise de conscience surgit, cela permet au groupe de progresser.

Le projet Parole d’Espoir a donc été d’emblée ouvert vers l’action (produire quelque chose de tangible à partir des réflexions du groupe), vers l’extérieur (les autres femmes à qui le résultat du travail créatif s’adressera), et il a promotionné un état d’esprit orienté vers la solidarité (mon expérience peut servir à d’autres).

Critiquer la hiérarchie des valeurs à la source de la relégation des femmes 

Les participantes ont été invitées à se soucier d’autrui. Un malaise ressenti dans le groupe a été formulé sous forme de question :

« Dans quelle mesure le souci des autres conduit-il les femmes à s’effacer ? Pourquoi ont-elles tant de difficultés à exister socialement, à se connaître elles-mêmes et à exprimer leur point de vue ? »

Cette question évoque une injonction paradoxale à laquelle la société actuelle axée sur la performance soumet les femmes qui exercent un travail rémunéré : conjuguer succès personnel et dévouement aux autres, considérés communément comme deux orientations en contradiction l’une avec l’autre.

Les débats autour de la vision féministe du care donnent un sens au cheminement réflexif du groupe, amené à critiquer la hiérarchie des valeurs morales attribuées à l’un ou l’autre sexe par la pensée dominante.

Malgré l’évolution de la condition féminine durant les dernières décennies, le care reste une activité humaine étroitement associée aux femmes, un rôle secondaire connoté par l’idée de sacrifice et confiné dans l’espace domestique.

La réhabilitation du care pousse à « retrouver des aspects bannis de la pensée occidentale, (à) restituer sa dignité à la ‘différence’ des femmes et (à) concevoir une autre forme de subjectivité : (…) c’est ce que fait la réflexion féministe contemporaine »[1]

Dans la pensée dominante, le care, la sollicitude, le souci des autres est une façon de penser/d’agir qui est traditionnellement dévolue aux femmes. En corolaire, elle est négligée et sous-estimée socialement au profit d’un modèle jugé supérieur, plutôt masculin, celui de l’être humain autonome, viril, qui accomplit son potentiel individuel et qui doit sa réussite à ses propres mérites, indépendamment des autres.

Peut-on dire que les femmes ont par nature une propension à l’altruisme et à l’oubli de soi ou est-ce le résultat d’un conditionnement social? Carol Gilligan[2], philosophe et psychologue féministe américaine, a conceptualisé la notion de care dans son livre A different voice en 1982. Elle défend son approche, qui a été considérée par d’autres féministes comme ambigüe, propre à renforcer l’assimilation entre le sexe féminin et le dévouement aux autres. Pour elle, il s’agit de réhabiliter le care en tant qu’éthique, qu’elle qualifie de féministe :

« Gilligan a élaboré un schéma binaire de l’orientation morale en attribuant aux hommes une morale des droits et de la justice, fondée sur des principes d’équité abstraits et formels, et aux femmes une éthique du care et de la responsabilité, fondée sur des critères concrets et contextuels d’interdépendance et de relationalité.[3] »

Mais pour Carol Gilligan, il n’est pas question, avec ces concepts de care et d’éthique féministe, de cantonner les femmes à des rôles de seconde zone, même quelque peu revalorisés, ni d’accepter le fait que ce champ de valeurs soit systématiquement associé au féminin, comme il l’est dans les sociétés patriarcales :

« Dans cet univers genré du patriarcat, le care est bien une éthique féminine, qui reflète la dichotomie du genre et la hiérarchie du patriarcat. Prendre soin des autres, c’est ce que font les femmes bonnes et les personnes qui prennent soin des autres (font du care) font un travail de femmes. (…). Dans une société et une culture démocratiques, basées sur l’égalité des voix et le débat ouvert, le care est par contre une éthique féministe : une éthique conduisant à une démocratie libérée du patriarcat et des maux qui lui sont associés : le racisme, le sexisme, l’homophobie et d’autres formes d’intolérance et d’absence de care. (…) le care et le caring ne sont pas des questions de femmes ! Ce sont des préoccupations humaines. (…)»[4]

Critiquer et dépasser les idées reçues qui définissent et séparent, en les hiérarchisant, les rôles assignés aux femmes et aux hommes est une réponse au malaise des femmes. Les rôles endossés par les femmes sont indispensables au fonctionnement de la société et à la reproduction de la vie humaine. Mais les métiers du care sont mal considérés, sous-payés, dévalorisés socialement. Ils sont exercés principalement par les femmes ou les migrant.es. Pour qu’ils sortent de la relégation, il y a lieu de déconstruire la façon de penser l’organisation sociale.

Elena Pulcini, philosophe et professeure à l’Université de Florence, dans son article Donner le care préconise de le réhabiliter.

«  Pour ce faire, une double opération critico-déconstructive devient nécessaire : d’une part, il faut faire l’examen de la figure du sujet souverain (du sujet cartésien à l’homo œconomicus de la tradition libérale), dévoiler l’unilatéralité de ce qui a été appelé avec efficacité un disengaged self, un Soi dégagé de toute relation et de tout contexte, masculin et patriarcal ; de l’autre, il faut rendre leur dignité aux notions de dépendance et de relation (…) en les dénuant des aspects oblatifs[5] et d’abnégation[6] qui ont toujours été associés au féminin. En d’autres  termes,  la réhabilitation du care implique de penser un sujet qui permette de dépasser la dichotomie entre la priorité du Moi et la priorité d’autrui, puisqu’il conjugue autonomie et dépendance, liberté et capacité de relation. » [7]

C’est en prenant conscience de la vulnérabilité fondamentale de tout être humain, une idée refoulée dans la société ultralibérale, que la nécessité de l’interdépendance apparait comme intrinsèquement reliée à la fragilité de la vie humaine et que le sujet, persuadé de sa propre vulnérabilité, peut se motiver à la sollicitude envers autrui, sans être instrumentalisé. Conscientes de leur propre vulnérabilité, les femmes peuvent se penser comme « des sujets en relation, capables de donner et de recevoir attention et empathie[8] ».

Le care n’est pas seulement un concept, c’est aussi une pratique quotidienne, une action concrète et cette dimension terre-à-terre augmente son importance et son utilité sociale. Elle lui donne une plus-value par rapport à d’autres valeurs abstraites habituellement considérées comme supérieures, comme le concept de responsabilité[9].

« Comme le dit Tronto, le care « n’est pas simplement une préoccupation intellectuelle ou un trait de caractère, mais le souci de l’existence, engageant l’activité d’êtres humains dans les processus de la vie quotidienne. Le care est à la fois une pratique et une disposition »[10].

Enfin, s’autoriser à un souci de soi qui nourrit la motivation au souci de l’autre conduit le sujet à développer « une relation avec autrui qui ne soit ni purement instrumentale (modèle individualiste), ni toute d’abnégation (modèle altruiste)[11] ».  

Il s’agit donc également, affirme Elena Pucini, de ne pas confiner la notion de care à la sphère privée et de souligner sa fonction importante sur le plan social et éthique. Il est donc nécessaire de « démanteler la frontière entre le public et le privé pour donner au care une place dans le plus vaste territoire de la socialité[12]»

Renouer avec la solidarité entre femmes

Les femmes ayant été confrontées à la violence conjugale et à l’injustice ont pour la plupart vécu dans le doute à propos d’elles-mêmes, dans le déni de la réalité des agressions subies. Blessées, isolées, elles n’ont pas nécessairement pu trouver autour d’elles les soins et l’attention adaptées à leur situation, ni la reconnaissance des maux qu’elles subissaient. Elles ont vécu douloureusement cette absence de care de notre société moderne, compétitive, patriarcale.

Il est certes important, pour les femmes concernées, de réclamer de la reconnaissance en tant que victime. Mais en se rendant compte de la persistance de la violence conjugale et de la faible considération envers les victimes, les femmes du groupe y ont vu un défaut de démocratie, dans le sens où leur droit à l’intégrité physique, psychique a été insuffisamment pris en compte, voire carrément ignoré par les institutions et leurs représentants. Ce constat les a conduites à promotionner une autre forme de société, où la hiérarchie des valeurs est reconfigurée, où la conquête de l’égalité ne peut s’accomplir sans y inclure le souci des autres, les interdépendances, ce qui fait société et qui prend en compte l’humanité sensible et vulnérable.

La solidarité va à l’encontre des valeurs dominantes : compétition, réussite individuelle, égoïsme et profit personnel. L’invitation à l’altruisme, exprimée dans le slogan « mon expérience peut servir à d’autres » invite à expérimenter la solidarité entre femmes. La solidarité n’est pas une évidence, les femmes ne sont pas égales entre elles, leurs intérêts, notamment de classe, de ‘race’, sont divergents. Choisir la solidarité entre femmes est une stratégie pour combattre les violences de genre, partout où elles existent. Le fonctionnement du groupe, qui se veut égalitaire et coopératif,… – cela ne va pas de soi – est un laboratoire pour débattre sur les perceptions, les sentiments, les réflexions à ce sujet.

Développer une vision politique du care

En prenant une dimension globale, en investissant la sphère publique, le care peut devenir le care du monde et engendrer des politiques qui portent attention à de nouvelles figures de l’autre:

« autrui n’est plus seulement le prochain et le semblable, mais aussi le différent qui habite parmi nous, l’étranger intérieur (…), l’autre éloigné qui vit dans des territoires lointains et qui demande notre solidarité, (…), les générations futures dont l’appel muet demande des réponses qui nous conduiront à prêter attention à notre environnement et à mesurer pleinement que ce que nous faisons aujourd’hui sera lourd de conséquences sur le destin de l’humanité. »[13].

Réhabilité comme valeur morale, le care motive à l’engagement, à l’action, à témoigner de ses convictions.

Pour Elena Pulcini, ce qui peut encore mieux faire comprendre la valeur universelle du care, c’est la similarité qu’il présente avec la logique du don[14]. Le care démontre son affinité avec la logique du don parce qu’il veut aussi préserver et recréer la valeur du lien dans la société : trame de relations, d’attachements, d’appartenances, en dehors de tout critère de symétrie et d’équivalence (par opposition avec la notion de justice ou d’équité), avec une capacité d’excès. Ces caractéristiques communes au don et au care, qui imprègnent aussi les pratiques professionnelles du soin, permettent de réhabiliter complètement l’utilité sociale du care.

L’élargissement du point de vue des femmes sur le care et leur découverte de la valeur sociale et du sens politique qu’il peut prendre en dehors de la sphère privée permet de contester la représentation binaire « soumission/domination » associée à la violence conjugale et aux rôles féminins et masculins tels qu’ils sont définis et reproduits dans l’institution traditionnelle du mariage.

Ce cheminement réflexif peut réduire le malaise des femmes, les recentrer sur elles-mêmes, les aider à extirper la culpabilité, la honte et à analyser autrement leur sentiment de responsabilité par rapport à la violence conjugale qu’elles ont vécue. La violence conjugale est un délit, un acte répréhensible, elle ne peut en aucun cas se trouver excusée, légitimée, ni pour la raison qu’elle s’exerce dans la sphère privée et dans le cadre d’une relation intime, ni parce que la subordination des femmes, la soumission et le dévouement qu’on attend d’elles seraient confondus avec une forme quelconque de consentement à subir cette forme de violence.

Conclusion

La compréhension concrète du sens politique que la critique féministe adresse à la hiérarchie des valeurs morales, à la séparation des sphères privées/publiques, à l’organisation sociale qui subordonne les femmes aux hommes est une bonne école. La transformation sociale voulue par le féminisme exige un changement de ces paradigmes.

« La lutte pour l’égalité des femmes est un combat pour libérer la démocratie du patriarcat. Je crois qu’il est très important de la voir en ces termes, parce que cela permet de comprendre l’enjeu de la lutte et la centralité du genre. Le patriarcat est, par définition, un ordre genré, qui distribue le pouvoir et l’autorité sur la base du genre (en donnant un privilège à la voix et à la loi du père) alors que la démocratie est fondée sur un idéal d’égalité. Parler de genre sans parler de patriarcat revient à en masquer l’enjeu politique (…). Je crois qu’il est important de souligner cela pour mieux percevoir ce dont on parle (ce qui est en jeu) quand on parle de lutte pour l’égalité. C’est le patriarcat qui s’oppose à l’égalité pour les femmes, c’est la démocratie qui la soutient. »[15]

Apprendre en groupe, dans un objectif d’émancipation collective, peut convaincre les femmes que le souci de l’autre et le plaisir d’être ensemble sont plus forts que l’égoïsme et l’individualisme ambiants. Cela peut aussi leur montrer les possibilités qu’ont les femmes de s’allier pour combattre la violence. Souvent, ces nouvelles connaissances déclenchent chez elles une soif de comprendre le fonctionnement de la société, les mécanismes de domination et l’organisation du pouvoir. Dans tous les cas, la conscience de la valeur d’une éthique féministe du care, attachée aux liens et à la solidarité humaine en est renforcée.

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Pour citer cette analyse :

Anne Delépine, "Ethique de la sollicitude et approche féministe de la violence conjugale.", Collectif contre les violences familiales et l’exclusion (CVFE asbl), décembre 2016. URL : https://www.cvfe.be/publications/analyses/104-ethique-de-la-sollicitude-et-approche-feministe-de-la-violence-conjugale

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Avec le soutien du Service de l’Education permanente de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Wallonie.


 Notes :

[1] Elena Pucini,  « Donner le care », revue du Mauss 2012/1 (n°39), p. 49. DOI 10.3917/rdm.039.0049

[2] « Carol Gilligan, ‘Le care, éthique féminine ou éthique féministe ?’ », Entretien avec Carol Gilligan par Sandra Laugier et Patricia Paperman, Multitudes, 2009/2 (n°37-38) p. 76-78, consulté sur http://www.cairn.info/revue-multitudes-2009-2-page-76.ht

[3] Elena Pucini, op.cit., p. 52

[4] Sandra Laugier et Patricia Paperman, op.cit., p.77

[5] Oblatif, oblative : qui fait passer les besoins d’autrui avant les siens propres.

[6] Abnégation : sacrifice total au bénéfice d’autrui de ce qui est pour soi l’essentiel.

[7] Elena Pulcini, op.cit., p. 51

[8] Idem, p. 55

[9] Idem, p. 59

[10] Joan Tronto, Un Monde vulnérable. Pour une politique du care, La Découverte, Paris, p. 144-145, cité par Eléna Pulcini, op.cit. p.59.

[11] Idem, p. 56

[12] Idem, p.57

[13]  Cf. Pulcini, p. 58

[14]  Cf. Essai sur le don. Forme et raison de l'échange dans les sociétés archaïques, paru en 1923-1924 dans l'Année Sociologique. C’est le texte le plus célèbre1 de l'anthropologue Marcel Mauss. À l'aide d'exemples empruntés à des sociétés diverses, l'auteur montre que le don est obligatoirement suivi d'un contre-don selon des codes préétablis. Dons et contre-dons, articulés autour de la triple obligation de « donner-recevoir-rendre », créent un état de dépendance qui autorise la recréation permanente du lien social (Wikipedia, consulté le 12/11/2016).

[15] Sandra Laugier et Patricia Paperman, op.cit., p.78