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Publications
en Éducation Permanente

Pureté militante

A propos de tolérance zéro envers le moindre acte ou propos jugé violent dans certaines sphères militantes et de sa sanction : l’exclusion. A propos, plus largement, d’une dérive dans notre ère néolibérale : une focalisation accrue sur les luttes au niveau (inter)individuel.

purete militante

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Introduction

Cette analyse est le fruit de mon expérience. A l’origine, un trauma développé dans un contexte militant, et à sa suite, deux ans de résilience. Une expérience qui vous grave et fait de vous qui vous êtes aujourd’hui. Cette analyse, c’est moi aujourd’hui, après deux années de souffrance, de dépression, de remise en question et d’une pente que l’on remonte doucement.

Une remise en question de ma personne mais aussi une prise de recul et une réflexion critique – à partir d’échanges et de lectures variées – qui me traverse depuis sur le fonctionnement de pensée de mon entourage et sur les rouages sociétaux qui ont façonné cette expérience traumatique et possiblement celle de tant d’autres : dans le monde militant, mais aussi dans les interactions de tous les jours, traversées ponctuellement par des discours politiques.

Me replonger dans les faits de l’époque tire mes traits et me rend maussade. Je me sens à nouveau englué·e dans cette atmosphère toxique et me sens en insécurité. Mais je me sens désormais plus fort·e, plus sûr·e de moi et prêt·e à en découdre. Alors je me lance.

Dans le courant de l’année 2020, en marge de mon travail au CVFE, je me sentis confiant·e dans ma démarche de rencontrer des gens et de participer avec eux à des projets militants. Gonflé·e à bloc de naïveté, je me jetai dans l’arène de l’action directe féministe.

Au fil des semaines et des réunions, je sentis l’ambiance devenir de plus en plus pesante. Je sentis de plus en plus des regards accusateurs, des messes basses que je venais déranger, qui fulminèrent finalement le jour où j’osai demander à une membre s’il lui semblait qu’il y avait un problème avec moi au sein du groupe. C’est là que j’appris en partie ce qui se disait sur moi et ce pourquoi les personnes ressentaient de l’animosité envers moi : j’aurais proféré des propos putophobes et j’aurais mégenré ou tiqué sur le pronom d’une personne du collectif (j’avais à vrai dire demandé confirmation de celui-ci parce que je doutais de l’avoir bien entendu – je suis malentendant·e).

Je tombai des nues. J’en discutai avec quelques-un·es du groupe qui se montrèrent amical·aux. Il ressortit qu’on organiserait un moment où on tenterait d’arranger les choses. Un moment qui devint finalement un procès où j’étais lae seul·e et unique accusé·e. On me prêta des propos que je n’avais jamais tenus ni pensés. On réitéra le fait que j’avais émis des propos putophobes (parce que j’avais demandé en réunion si le collectif était concerné par les thématiques liées au travail du sexe). On me dit que j’avais tenu une position agressive (alors que je me sentais alors extrêmement calme). On me balança que je mettais les gens mal à l’aise, …

J’ai essayé de me défendre. Mais la sanction était déjà tombée. Mon sort avait déjà été scellé. Par celle qui prenait tant de place dans le groupe. Des tentatives de défense par l’un·e ou l’autre camarade émergèrent, mais je ressentis surtout de l’hostilité, des accusations et la validation du fait que j’étais une personne malveillante.

Je suis rentré·e choqué·e chez moi. Toute cette histoire m’a secoué·e, non seulement dans ma confiance en moi et dans la valeur que je m’accordais, désormais nettement dépréciée, mais aussi dans mon positionnement politique. Je me détachai de tout engagement et commençai à développer de l’animosité envers le milieu militant. Dont le tout n’était pourtant bien sûr pas à jeter. Il est sans doute à spécifier que ces faits m’ont particulièrement touché·e parce que je me considérais aussi, comme je le développerai plus loin, comme une sorte de militant·e hors pair, au discours irréprochable, désireuxse de participer à des échanges dénués de toute violence et les plus bienveillants possibles.

Ces évènements m’ont conduit·e à relativiser nombre de choses. Je vis désormais autrement les réactions de certain·es à des propos qu’iels jugent violents. Comme à l’occasion d’une animation qui eut lieu au CVFE durant l’été 2021, où une intervenante extérieure noire et plusieurs participantes afro-descendantes manifestèrent une vive désapprobation suite à la prononciation du mot « black » de la part d’une participante blanche issue de la génération « Black-Blanc-Beur ». Cette dernière n’était pas au fait du problème que ces termes pouvaient susciter dans le chef de la nouvelle génération. Venue volontairement pour se conscientiser et marquer son soutien à la cause antiraciste, elle se sentit soupçonnée de racisme… et s’effondra. Les faits furent heureusement interrogés avec le groupe – qui s’était scindé en deux camps – discutés en équipe ainsi qu’avec la participante, et ce genre de dynamique fait depuis l’objet d’une attention particulière lors des moments en mixité choisie.

Je considérai dorénavant autrement certaines actions ou mouvements féministes, tels celui de « Balance ton porc », qui consiste à afficher ponctuellement sur les réseaux sociaux, c’est-à-dire aux vues de tou·tes, les noms d’individus qui auraient perpétré des actes sexistes, peu importe leur gravité, un acte qui peut être perçu comme relativement extrême, vu les conséquences possibles pour l’auteur·ice de violence (le suicide par exemple), sans compter de plus la composante troublante de non vérification des faits (pouvant mener et ayant mené à des cas avérés de diffamation[1]) ; ou l’évènement récent où des altercations verbales et physiques entre féministes eurent lieu, dans le cadre de la manifestation bruxelloise du 28/11/2021 contre les violences faites aux femmes, en raison de pancartes que certain·es jugèrent putophobes et transphobes.[2]

En bref, ce genre de phénomènes devrait nous alarmer car ils semblent reproduire un schéma qui, lui, est violent : une tolérance zéro envers le moindre acte ou propos jugé oppressant, peu importe sa gravité ; un jugement et une condamnation hâtives ; une attitude sectaire ; et l’exclusion sans ménagement de militant·es au comportement jugé comme problématique. Dans leur livre « Joie militante », carla bergman et Nick Montgomery rapprochent ces comportements au concept de radicalisme rigide.

Et c’est cette notion, ainsi que les techniques qui y sont liées, que j’aimerais décortiquer dans les lignes qui suivent, afin d’en identifier la teneur toxique et les sources qui permettent leur pérennisation.

De la nature du radicalisme rigide

Ce phénomène du jugement et de la condamnation hâtive, et de l’exclusion, s’enracine particulièrement dans les années 2000-2010 en France, lorsque le féminisme se réapproprie le concept d’intersectionnalité venu des États-Unis, avec une composante désormais fortement identitaire. Nombre de militant·es se mettent à se focaliser pour beaucoup sur les interactions interindividuelles et la responsabilité de chacun·e de conscientiser ses privilèges afin d’être lae plus irréprochable politiquement. Cela va entrainer des vagues de critiques, notamment sur les réseaux sociaux, envers celleux désigné·es comme ayant tort, et plus globalement, des habitudes de comportement développant une forme de sectarisme dans la société, notamment à travers l’utilisation abusive d’espaces dits « safe », désormais fortement popularisés.

De la lutte structurelle à la lutte (inter)individuelle

Dans les années 2000-2010, de nombreuses féministes françaises et belges ont commencé à utiliser le concept d’intersectionnalité, qu’avait théorisé dès la fin des années 80 la juriste afroaméricaine Kimberly Crenshaw. Elles l’ont adapté en le faisant reposer désormais grandement sur la notion d’identité. C’est-à-dire qu’en transposant la théorie à la pratique, elles se sont axées sur la lutte contre les dominations non plus à un niveau structurel, mais à un niveau dorénavant individuel : en d’autres termes, une lutte contre les expressions de la domination, qui n’en sont que les symptômes, plutôt que de s’en prendre prioritairement aux structures sociales[3] qui les produisent. Pour exemple : des structures telles que les normes hétérosexuelles, le mariage, la famille nucléaire, dans lesquelles les femmes disposent souvent d’un pouvoir économique limité et sont assignées au rôle de reproduction (procréation, soins envers le mari, les enfants, les tâches ménagères, …), l’accès au logement, la police, l’État, …[4]

Dans ce nouveau paradigme, la notion de « privilège » est utilisée dans une visée moralisatrice, afin d’imputer aux individus la responsabilité des structures. Iels se sont en effet focalisé·es sur la mise en exergue des privilèges que les individus ont, plutôt que d’analyser leur place dans le rapport de production et de reproduction, c’est-à-dire sur l’échelle du pouvoir. Car avoir des privilèges, ce n’est pas avoir du pouvoir, c’est avoir tout au plus des avantages. Or, ce qui est capital, c’est bien de savoir où se situe le pouvoir, dans quelles structures de la société, car c’est dans celles-ci que la domination se reproduit.[5]

Cette focalisation sur une responsabilité présumée des individus s’est mue en une injonction morale à devenir chacun·e de plus en plus « parfait·e » politiquement, c’est-à-dire à chasser de soi toute forme de domination.[6]

« [L]a question morale de la radicalité s’est insensiblement substituée à la question stratégique de la révolution. C’est-à-dire que la révolution a subi le sort de toutes choses dans ces décennies : elle a été privatisée. Elle est devenue une occasion de valorisation personnelle, dont la radicalité est le critère d’évaluation. […] Quiconque se met à fréquenter les milieux radicaux s’étonne d’abord […]. On ne tarde pas à comprendre qu’ils ne sont pas occupés à construire une réelle force révolutionnaire, mais à entretenir une course à la radicalité qui se suffit à elle-même […]. »[7]

Cette radicalité, dont le Comité invisible fait mention, peut certainement s’assimiler à la notion de « radicalisme rigide » développée par carla bergman et Nick Montgomery. Selon celleux-ci, le radicalisme rigide tend à déterminer et à inciter à dire « les choses qu’il faut dire », à faire circuler les choses les plus radicales sur Facebook, Twitter ou Tumblr ; ainsi qu’à voir des manques partout et à pointer du doigt les personnes qui ont tort.[8] Selon les auteur·ices, les adeptes du radicalisme rigide ressentent des désirs de contrôle et de discipline militarisée, qui mènent à une compréhension univoque de la bonne façon d’être radical·e, hostile, et les rendent suspicieux·se envers d’autres façons d’être.[9] Chaque rencontre avec un nouveau courant étant accueillie par une recherche de défauts chargée de méfiance.[10]

Selon Aurore Koechlin, ce type de radicalité se révèle être une culture de l’élection et de la distinction, qui ne peut toucher qu’une minorité de personnes. Une fois dans le milieu, on ne souhaite pas voir son statut diminué par des arrivées massives dans le cercle. D’où un mépris pour toutes les personnes extérieures au milieu, avec lesquelles on ne souhaite pas travailler leurs positions politiques et leurs pratiques sociales, mais en opposition desquelles on souhaite se définir. « Mais lorsqu’en politique on perd de vue que le but est moins de se distinguer du reste de la société que de la changer, on en arrive souvent à une politique minorisante qui mène au sectarisme. »[11]

Une tactique centrale : l’espace safe

Les espaces safe sont censés être des lieux soustraits à la domination[12] – ce que l’on conçoit difficilement[13] – où les personnes opprimées pourraient se renforcer, s’empouvoirer. Ils prennent alternativement la forme de cercles de parole ou d’espaces d’auto-organisation en non-mixité en vue de préparer une mobilisation.[14]

Il arrive qu’il s’y développe une politique de la purification qui « consiste à mettre en place une tactique de l’interpellation permanente, c’est-à-dire à reprendre, à rappeler à l’ordre toute personne qui dira ou fera quelque chose de « problématique » politiquement, autrement dit qui reproduira la domination. Le plus souvent, l’attention se pose sur le langage, avec un certain biais intellectualiste, qui se fixe abusivement sur les mots et sur le théorique. »[15] En d’autres termes, les individus sont appelés à tenir un discours strictement non oppressif, ce qui a pour conséquence que certain·es renoncent à s’exprimer de peur de ne pas répondre à cette attente malgré leur bonne volonté. Cette ambiance « de terreur » pose forcément question dans des collectifs dont l’existence est basée sur la possibilité du débat démocratique (donc de la prise de parole libre de chacun·e), avec comme visée le changement social.

On peut dès lors affirmer que ce type d’espaces safe repose sur une éthique du safe qui tend à vrai dire au sécuritaire.[16] La recherche absolue de sécurité, le refus de faire face à toute violence, peut susciter dans le chef des individus une pression, une peur telles qu’ils en ressentent « paradoxalement » un sentiment d’insécurité. Dans certains espaces « safe », « [l]e niveau de contrôle de soi, de peur de dire le mauvais mot, de faire le mauvais geste, devient immense. »[17] Les individus y développent des formes d’auto-responsabilisation et de culpabilisation assez conséquentes vis-à-vis des actes susceptibles d’être vécus par d’autres comme violents.

C’est dans ce type d’atmosphère sécuritaire que des membres peuvent en venir à exclure une personne. Le moindre faux pas peut conduire à cette issue, sans ménagement et par conséquent… avec violence.

Un concept majeur : le ressenti

La notion de ressenti est un outil important de la lutte féministe : d’une part, il nous permet de nous empouvoirer individuellement, en nous défendant et en nous armant contre les situations que l’on identifie comme potentiellement oppressives et qui sont minorisées par les structures qui les maintiennent et les renouvellent. Et d’autre part, il nous permet de nous empouvoirer collectivement, en s’appuyant sur ceux-ci afin de construire une critique collective des violences que les personnes opprimées subissent en tant que communautés d’individus.

Malheureusement, il arrive que la notion de ressenti soit instrumentalisée et que les individus tombent dans les dérives de l’exagération ou de la sacralisation des ressentis en question, et de leur instrumentalisation dans l’utilisation non avouée de moyens violents ayant pour but d’y mettre fin.

En l’occurrence, si l’on se trouve dans le schéma « faux pas – exclusion », le faux pas est ce qui est jugé comme tel par l’opprimé·e qui affirme avoir subi une violence. Ce·tte dernier·e détiendrait la vérité incontestable de ce que constitue son oppression[18] et invoquera la théorie des dominations structurelles afin de régler des tensions interindividuelles.[19] (« Ce que tu as dit est putophobe[20] et je peux l’affirmer car je suis travailleuse du sexe ».) Son récit, exprimé en termes de « ressenti », sera considéré comme la seule et unique vérité. Sa parole prévaudra sur toute autre et aucune confrontation aux faits ne sera opérée. La personne accusée ne bénéficiera d’aucune défense possible. Si « la victime » ressent qu’un·e tel·le « lui a coupé la jambe », peu importe ce que lae désormais identifié·e « auteur·ice de violence » a objectivement fait, le ressenti est celui-ci, la jambe est symboliquement coupée.[21] Et l’agresseur·euse sera considéré·e comme tel·le. Les statuts sont essentialisés, la faute est ancrée à jamais dans la peau des « coupables » dont on nie souvent leur évolution probable. L’« acte de violence » est devenu identité.[22]

Si une ou plusieurs personnes du collectif se sentent « mal à l’aise » en raison du comportement d’un·e autre membre du groupe, elles pourront de la même manière trouver bon de chercher à l’exclure, plutôt que de s’appliquer à identifier leurs émotions et les affronter.

Il est à noter que la personne se sentant opprimée sera d’autant plus écouté·e qu’elle a de bonnes relations dans le collectif, c’est-à-dire du pouvoir.[23]

Si l’on analyse les choses d’une manière un peu globale, il est difficile de prétendre pouvoir identifier le degré du dommage résultant d’un certain comportement ; un dommage, ou ressenti, qui prévaudrait de manière absolue, c’est-à-dire partout, tout le temps, quels que soient les contextes et les personnes, ne serait-ce que parce que nous ressentons tou·tes les choses différemment, en raison de nos passifs et des stratégies que l’on développe dans le cadre de ces situations. Ce que je vivrai comme une agression (ou une « violence ») ne sera pas vécu comme telle par une autre personne, puisque nos vécus, valeurs, sensibilités, perceptions, ressentis divergent.

En outre, si ressenti négatif il y a, cela ne signifie pas qu’il y a eu nécessairement intention d’infliger un préjudice (ce qui doit être clairement pris en compte lors de la résolution des conflits). Y compris de manière inconsciente car il n’est pas rare que des personnes échouent dans un premier temps à identifier la composante potentiellement oppressive de leur comportement, qui découle de leur éducation/socialisation[24]. (Par exemple, interroger une personne trans sur ses attributs sexuels sans réaliser combien la question est personnelle, voire déplacée.)

Une sentence : l’exclusion

L’exclusion d’un cercle est un acte particulièrement violent. Cette option, tant appréciée par certain·es militant·es, est caricaturale et oppressive. Elle traduit surtout un outil de prise de contrôle qui n’est pas interrogé.[25] Et c’est ce qui rime prioritairement avec « violent » : la recherche d’une prise de contrôle. J’en parlais dans l’analyse sur « la violence des opprimé·es »[26] : « [l]a violence est l’utilisation de force ou de pouvoir, physique ou psychique, pour contraindre, dominer, tuer, détruire ou endommager ».[27]

La notion de colère est instrumentalisée. Celle de la personne qui se dit victime de propos violents s’affiche de manière abusive et autoritaire.[28] Dans une interview au podcast « Les Couilles sur la table »[29], Virginie Despentes partageait la lassitude que lui inspire « cette tendance à la prise de bec infra-militante », et le « niveau d’agressivité » parfois sans commune mesure avec les faits reprochés. « La féministe américaine Jo Freeman employait le mot de "trashing" […] pour dénoncer dès les années 70 cette "forme de sabotage de réputation, manipulatrice, malhonnête et excessive", "destinée à dénigrer et détruire". »[30] Des témoins victimes d’exclusion collective « se disent littéralement annulés, expulsés à jamais de leur bulle sociale ». Un militant, interviewé dans le cadre de l’article « Pureté militante, culture du "callout" », se confie :

« Je ne vais plus en manif ni dans les rassemblements queer, je suis hyper parano, je fais des cauchemars, et j’ai un rapport à l’attachement complètement pourri. J’ai perdu la légèreté. Si je noue une relation d’amitié ou de drague et que ça se retourne contre moi, comment je fais ? »

Dans le même article, l’autrice met en perspective différents types de violence qu’on peut observer dans certains milieux radicaux :

« L’ironie amère derrière ce constat ne vous aura sans doute pas échappé : ces milieux valorisent les concepts de bienveillance, d’inclusion, d’espaces safe, de discours « non oppressifs », de trigger warnings. Et pourtant, on s’y entre-déchire selon les mêmes logiques du bon vieux concours de quéquettes qu’on prétend combattre.

La chroniqueuse américaine Katherine Cross analyse : « Trop souvent, on accepte et vénère sans les contester les modalités et les méthodes que valorise le patriarcat : une politique pleine de rage, d’absence d’empathie, eux-contre-nous, une rhétorique parfaite pour le paysage politique cauchemardesque du patriarcat néo-libéral. » La citation de la poétesse Audre Lorde, souvent reprise par les féministes, vient à l’esprit : « Les outils du maître ne détruiront jamais la maison du maître. » »[31]

Et au terme de ces modes d’exclusion, « [d]ans le but de « ne pas nuire à la cause », les activistes choisissent souvent d’enfouir les maltraitances qui polluent leurs cercles. »[32]

De l’origine du radicalisme rigide

Le radicalisme rigide, ou la course à la pureté militante, trouve très certainement ses sources dans nos racines chrétiennes, l’avènement du capitalisme néolibéral, et une composition particulière des enjeux de pouvoir dans le milieu militant.

Une touche de chrétienté et de puritanisme

Il est difficile de ne pas percevoir dans l’aspiration à une certaine pureté militante une composante d’origine chrétienne : les individus développant une peur et une hostilité envers un monde plein de péchés et intégrant « l’idée de leur propre tendance à pécher, de leur culpabilité et de leur insuffisance ».[33] En effet, ils ont beau faire tout ce qu’ils peuvent pour progresser, ils ne pourront jamais cesser d’être des dominants, puisqu’ils portent le mal en eux et ne peuvent rien faire pour échapper à leur véritable nature. Ils tentent dès lors de se purifier le plus possible pour parvenir à atteindre une plus grande perfection, qui seule leur permettra d’atteindre la grâce[34], via notamment l’institution d’espaces « safe », et le développement d’une culture de la honte, des reproches et de la punition[35].

« Les personnes sont réduites à ce qu’elles disent, deviennent les symptômes ou les exemples de la violence »[36] et de cette manière, le statut quo de la violence dans la société se maintient, puisque les lamentations et les condamnations promues par l’indignation morale nient le caractère complexe et changeant des individus et freinent toute potentialité de transformation sociale.

Un soupçon de néolibéralisme et de politiques de l’identité

Un néolibéralisme/individualisme… qui nous convainc de l’importance et de la responsabilité qui nous incombe de nous prendre individuellement en main. Un individualisme qui nous désapprend la joie de la solidarité et de l’émancipation collective. Avec comme conséquence : une délégitimation du travail collectif dans le conflit, une composante pourtant indispensable si l’on vise une émancipation de tou·tes. Nous reproduisons ici dans cette lignée les mots de Mia Mingus, organisatrice communautaire qui travaille sur les questions de justice transformatrice :

« Quel que soit le type de changement systémique que nous cherchons, cela implique que nous travaillions ensemble pour y parvenir. Et nous avons besoin d’avoir des relations suffisamment fortes pour tenir ensemble lorsque nous faisons face à des choses aussi puissantes que l’État, le complexe médical industriel, le système carcéral, la binarité de genre, l’Église, le système d’immigration, la machine de guerre, le capitalisme global.

Parce que nous allons merder. Je suis sûre de ça. On ne peut pas avoir d’un côté une analyse super fine de la façon dont les systèmes d’oppressions et de violence nous traversent et, de l’autre côté, attendre des personnes qu’elles agissent comme si elles ne vivaient pas dans ce monde-là. Bien sûr qu’à certains moments on va dire et faire des trucs oppressifs, bien sûr qu’on va se blesser les un·e·s les autres, bien sûr que nous allons être violent·e·s, participer à la violence ou l’accepter comme si elle était normale.

On doit se relever les manches et commencer le travail difficile qui consiste à apprendre comment travailler dans le conflit, la douleur et la blessure comme si nos vies en dépendaient – parce que c’est le cas. »[37]

Un capitalisme néolibéral… qui a normalisé l’évaluation incessante – notamment morale – de nos êtres, à l’école, dans nos familles, dans nos emplois, …[38] Qui a normalisé la compétitivité dans une majorité écrasante des domaines de notre vie. Car pour son maintien, il est nécessaire que nous nous comportions en petits soldats dans l’arène de la productivité et de l’optimalisation de nous-mêmes.

Des politiques de l’identité… qui ont orienté le focus des luttes non plus sur une lutte systémique contre les inégalités mais sur la valorisation de nos identités individuelles, définissant désormais notre liberté et notre bien-être dans la reconnaissance de nos différences. « L’individu a pris le pas sur le collectif, l’idéalisme sur le matérialisme […]. » L’individu se distingue à présent à travers les styles de vie particuliers et originaux qu’il adopte. Cette réorientation s’est mue en bataille permanente entre groupes identitaires toujours plus atomisés, favorisant le séparatisme et le politiquement correct, au détriment d’un sentiment d’unité précédemment répandu au sein des classes opprimées (« la classe travailleuse », « la classe des femmes », …).[39]

« Souvent, l’approche liée à l’identité et au style de vie est séduisante car elle crée l’impression d’être engagée dans une pratique. Cependant, au sein de n’importe quel mouvement politique qui vise à transformer radicalement la société, la pratique ne peut pas uniquement se résumer à créer des espaces au sein desquels des personnes supposées radicales expérimenteraient la sécurité et le soutien. Le mouvement féministe pour mettre fin à l’oppression sexiste engage activement ses participant·e·s dans un combat révolutionnaire. Et un combat, c’est rarement safe et agréable. », bell hooks[40]

Un zeste de rapports de pouvoir en action

Dans les grands courants d’explication que nous avons tenté de résumer ici, se dresse également celui que les militant·es seraient peut-être en mesure d’identifier le plus aisément : celui des rapports de pouvoir en action au sein des collectifs. L’idéal de pureté militante, tel que les adeptes du radicalisme rigide le conçoivent, est en effet un objectif que la plupart d’entre nous ne peut même pas tenter d’atteindre. Elle demande une forme d’éducation très poussée, la maîtrise de tout un jargon radical, …

Comme l’ont mis en avant de nombreus·es militant·es interviewées par carla bergman et Nick Montgomery dans « Joie militante », les « tendances morales à punir peuvent aboutir à l’exclusion de ceux et celles qui sont pourtant supposé·es être au centre des pratiques anti-oppressives : les personnes pauvres, sans éducation supérieure, et ceux et celles qui [ne sont pas familier·es avec] le langage en perpétuelle évolution des communautés radicales. »[41] Les personnes qui punissent ces dernier·es ne se trouvent-elles dès lors pas de l’autre côté du tableau ?

 

Dans l’origine du radicalisme rigide, il y a aussi sans doute ce qui relève de la psychologie des individus. Il ne serait pas absurde de supposer qu’un grand nombre de militant·es disposent d’une grande sensibilité qui les rende d’autant plus vulnérables aux violences du monde. D’où leur particulière assiduité à lutter contre elles, et notamment au niveau interindividuel, où la psychologie entre les individus se joue certainement le plus.

Une alternative : gestion des conflits et justice réparatrice

La gestion des conflits

Pour lutter efficacement contre la violence, il faut préférablement mettre en place des choses de manière structurelle, pour comprendre ses origines, tant au niveau macro que micro, la prévenir, et la gérer quand ponctuellement elle survient, via un processus élaboré de gestion des conflits. Hormis, nous dit Starhawk, dans les cas d’abus à l’égard d’enfants ou de violences graves, où le recours au système judiciaire, certes biaisé, peut s’avérer nécessaire afin de garantir la sécurité des victimes potentielles. Mais, nous dit-elle, « les groupes collaboratifs sont rarement amenés à traiter des accusations aussi graves »[42].

Comprendre la violence, d’abord, car elle est un phénomène complexe, plurifactoriel, se situant à divers niveaux, visible et invisible à la fois. La comprendre pour élaborer au mieux des procédés stratégiques qui viseront à la contrer.

Cette violence est un processus inter-relationnel, dans lequel l’agression devient une réponse habituelle.[43] La violence qualifie donc des situations et non des individus. Elle qualifie surtout une société qui réussit peu à fonctionner en dehors d’elle, puisqu’elle traverse nombre de ses institutions : la famille (violences conjugales, envers les enfants), l’école (compétition exacerbée, reproduction des inégalités), les médias, le salariat (exploitation économique, …), la police, les tribunaux, etc.

Prévenir la violence ensuite, via : l’instauration d’un cadre qui favorise une immunisation optimale des conduites agressives (en modifiant l’aménagement intérieur d’un lieu ou en mettant sur pied une « cellule de crise », …) ; l’amélioration des canaux d’information et de communication (via la création de lieux institués de paroles libres, d’échanges, de dialogue, de négociation, de mise à plat des conflits, …) ; un questionnement lucide sur notre manière de communiquer, sur l’impact effectif de notre façon d’être et de faire sur celui qui nous fait face.[44]

Enfin, la gérer quand elle survient, à partir d’une gestion des conflits réfléchie et efficace. Cette dernière serait supposée inclure l’expression du problème de la part des deux parties, c’est-à-dire les faits comme ils ont été vécus, les sentiments ressentis ainsi que les besoins qui n’ont pas été satisfaits ; une recherche de solution pour les deux parties, et son application et évaluation à long terme.[45]

La justice réparatrice

De manière plus globale, un mouvement mondial a vu le jour afin de pallier aux biais des systèmes judiciaires actuels : celui de la justice réparatrice, qui en a déjà infiltré nombre d’entre eux. Une étude du CVFE sur le sujet sera publiée prochainement. En attendant, voici ce que Starhawk en dit :

« Le mouvement pour la justice réparatrice propose l’une des voies les plus stimulantes et efficaces pour prendre en charge les délits dans les groupes. Il s’est développé dans les années 1970 à travers des programmes permettant de réunir délinquant·e·s et victimes lors de rencontres, mais il puise à de nombreuses sources, comme les pratiques autochtones de conseils ou de pacification. Alors que le système judiciaire pénal est basé sur la punition et la rétribution, la justice réparatrice considère le crime comme une brèche dans la communauté et cherche à restaurer la sécurité, la confiance et le bien-être de la communauté. »[46]

Conclusion

Dans cette analyse, il a été question d’analyser la tolérance zéro envers toute violence vécue comme oppressive, qui s’érige ponctuellement en critère absolu dans le milieu militant, de sa tendance au sectarisme et à l’emploi de moyens qui s’avèrent, eux, être particulièrement violents, tels l’exclusion de la bulle sociale militante.

Au Collectif contre les Violences Familiales (CVFE), cette prise de conscience et l’analyse de l’escalade de la violence à laquelle ce phénomène peut facilement mener, nous conduit à défendre des moyens de lutte non-violents, tels que Judith Butler conçoit la notion : une non-violence non pas comprise comme une position morale mais comme une pratique sociale et politique, qui passe nécessairement par une critique de l’individualisme et une remise au centre de l’interdépendance sociale, donc des liens entre les personnes qui caractérisent la vie et que la violence érode.[47]

Travaillant aux côtés de publics qui sont rarement des militant·es chevronné·es à leur arrivée, si le CVFE entend remplir ses missions d’éveil de l’esprit critique chez les personnes qui en ont le plus besoin et non pas chez les convaincu·es, il se retrouve régulièrement dans une posture complexe : où il ne peut être question de simplement censurer l’expression de propos relevant de discriminations – y compris sexistes, si fréquemment intériorisées par les concerné·es elleux-mêmes… Tout en se devant de protéger les personnes qui pourraient être heurtées, de reposer le cadre légal, et in fine d’encourager une réflexion éthique et politique, plutôt que moraliste.

Le Collectif aspire à s’inscrire dans un mouvement militant plus large qui s’attacherait à travailler sur les liens entre les personnes, à prendre soin, comme l’entendent carla bergman et Nick Montgomery dans « Joie militante » : lutter dans la joie – au sens spinoziste du terme – c’est lutter en développant notre capacité à affecter et à être affecté·es, à devenir plus vivant·es, plus capables, plus puissant·es ensemble, à prendre activement part à la transformation collective, à accepter d’en être bouleversé·es, afin d’habiter pleinement nos mondes, nos attachements, plutôt que de chercher à les diriger dans une ambiance sécuritaire, dans la peur et le contrôle.

Faire du lien, pour faciliter en outre la constitution d’un mouvement de masse, une convergence des luttes contre tous les systèmes de domination (sexiste, mais aussi économique, raciste, …) qu’une telle conception de la non-violence associée à une approche renouvelée du conflit pourraient permettre. Un mouvement de masse pour un véritable changement social.

Pour contrer certaines dérives du radicalisme militant contemporain, il est également essentiel de garder une vigilance sans failles concernant l’identification des  adversaires ; car « l’ennemi principal », dans la lignée de Christine Delphy[48], ce ne sont pas les hommes, ce ne sont pas en premier lieu des individus, comme tendent à nous en persuader les valeurs issues de la chrétienté ou du capitalisme néolibéral, mais ce sont les structures ou les institutions : celle du patriarcat étudiée inlassablement par Delphy, mais aussi celles de l’état, de la police, de l’école, de la famille nucléaire, …

Enfin, un travail réflexif s’impose sur les stratégies à adopter à différents niveaux :

Sur le plan (inter)individuel, la priorité serait de développer des stratégies non-violentes, dans l’idée d’un renforcement de soi (ou d’une émancipation individuelle), afin de remettre en cause nos systèmes de fonctionnement psychologiques qui tendent à exacerber les conflits et à les transformer en violences.[49] A un niveau collectif et organisationnel, l’énergie doit être mise dans le développement de méthodes de gestion de conflits (idéalement non répressives) ainsi que d’instances qui viseront à promouvoir la prévention de la violence.

A un niveau davantage méta enfin, l’objectif serait le développement d’une réflexion sur les méthodes couramment employées au sein des différents mouvements féministes, les dérives violentes qui peuvent en découler, telles les dénonciations de comportements violents non vérifiés sur les réseaux sociaux, et que nous sommes dorénavant en mesure de davantage évaluer, à partir de cette première grille de lecture de la violence en milieu militant que nous venons de vous proposer ici et que nous espérons davantage développer dans le cadre de projets d’écriture et d’échanges futurs. Avec vous ?

Pour télécharger notre analyse


Pour citer cette analyse :

sandre roubin, " Pureté militante ", Collectif contre les violences familiales et l’exclusion (CVFE asbl), août 2022. URL : https://www.cvfe.be/publications/analyses/423-purete-militante

Contact :  Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. – 0471 60 29 70

Auteur·ice : sandre roubin – Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. – 0479 83 04 91

Avec le soutien du Service de l’Education permanente de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Wallonie.


Notes :

[1] Il est évidemment nécessaire de relever ici la problématique liée aux plaintes d’actes sexistes qui arrivent rarement à leur condamnation devant la justice (si tant est qu’on croit en cette institution et ses bienfaits – lire à ce propos notre très prochaine étude sur « La justice transformatrice »). Cela ne constitue pas une raison suffisante pour ne pas questionner les « Balance tes » qui produisent d’autres dérives interpellantes.

[2] Lire par exemple à ce sujet : Les grenades, « Altercations lors d’une marche féministe : "Pour la première fois, je n'ai pas pu finir une manifestation" », 6 décembre 2021. Disponible sur :  <https://www.rtbf.be/article/altercations-lors-d-une-marche-feministe-pour-la-premiere-fois-je-n-ai-pas-pu-finir-une-manifestation-10891554?id=10891554> (Consulté le 4/08/2022)

[3] Une structure sociale est « une formation sociale distincte et stable dans laquelle des êtres humains interagissent et vivent ensemble ». Par exemple : la famille, l’école, la police, la justice, le travail.

Source : Wikipédia, « Structure sociale ». Disponible sur : <https://fr.wikipedia.org/wiki/Structure_sociale> (Consulté le 11/07/2022)

[4] Sarah Schulman, Le conflit n’est pas une agression, Paris, B42, 2021, pp. 79 et 86.

[5] Aurore Koechlin, La révolution féministe, Paris, Éditions Amsterdam, 2019, pp. 127-128.

[6] Ibid., p. 132.

[7] Comité invisible, À nos amis, Paris, La Fabrique, 2014, pp. 143-145, mis en gras par nous.

[8] carla bergman et Nick Montgomery, Joie militante, Rennes, Éditions du commun, 2021, p. 190.

[9] Ibid., p. 185.

[10] Ibid., p. 192.

[11] Aurore Koechlin, La révolution féministe, op‧cit., p. 141.

[12] Ibid., pp. 130-131.

[13] Puisque nous sommes tou·tes traversé·es par les dominations. Nous avons en effet tou·tes été socialisé·es afin de déprécier les catégories opprimées, que l’on en fasse partie ou non, et l’on ne peut jamais parvenir à une déconstruction totale de la violence incrustée dans notre éducation. En d’autres termes, un groupe en non-mixité de féministes ne signifie pas que le sexisme en sera complètement exempt, mais qu’il sera, on l’espère, nettement réduit.

Ceci est d’autant plus vrai si l’on entend par espace safe l’absence de toute violence issue de tout système de domination (ceci correspond à une seconde acception du terme), puisqu’on ne pourra jamais prévenir totalement la violence se dessinant au sein de relations entre personnes dont on ne connait pas les vulnérabilités, les traumas, …

Au sujet des deux acceptions : Infokiosques, « Les "espaces safe" nous font violence ? ». Disponible sur : <https://infokiosques.net/IMG/pdf/les_espaces_safe_nous_font_violence-12p-A5-fil.pdf> (Consulté le 11/07/2022)

[14] Aurore Koechlin, La révolution féministe, op‧cit., p. 130-131.

[15] Ibid., p. 134.

[16] Paranormal Tabou, « Féminisme du ressenti », 24 décembre 2012. Disponible sur : <https://paranormaltabou.wordpress.com/2012/12/24/feminisme-du-ressenti-texte-integral/> (Consulté le 20/06/2022)

[17] Aurore Koechlin, La révolution féministe, op‧cit., p. 133.

[18] On pourrait dès lors, par rapport à cela, se demander comment mettre en œuvre des échanges et des décisions démocratiques. Source : Ibid., p. 136.

[19] Aurore Koechlin, La révolution féministe, op‧cit., p. 140.

[20] « Qui ressent ou exprime du mépris ou de l’hostilité à l’égard des personnes prostituées. » Source : Wiktionnaire, « putophobe ». Disponible sur : <https://fr.wiktionary.org/wiki/putophobe> (Consulté le 27/06/2022)

[21] Paranormal Tabou, « Féminisme du ressenti », op. cit.

[22] Ibid.

[23] Ibid.

[24] « La socialisation désigne l'ensemble des processus par lesquels les individus acquièrent et intériorisent les normes, les valeurs et les rôles qui régissent la vie sociale, construisant ainsi leur identité psychologique et sociale. » Source : Wikipédia, « Socialisation ». Disponible sur : <https://fr.wikipedia.org/wiki/Socialisation> (Consulté le 29/07/2022)

[25] Paranormal Tabou, « Féminisme du ressenti », op. cit.

[26] sandre roubin, « La violence des opprimé·es », CVFE, 2020, p. 7. Disponible sur : <https://www.cvfe.be/publications/analyses/331-la-violence-des-opprime-es> (Consultée le 09/06/2020)

[27] Wikipédia, « Violence ». Disponible sur : <https://fr.wikipedia.org/wiki/Violence> (Consulté le 19/09/2020), souligné par nous.

[28] Neon, « Pureté militante, culture du "callout" : quand les activistes s’entre-déchirent », 8 février 2021. Disponible sur : <https://www.neonmag.fr/purete-militante-culture-du-callout-quand-les-activistes-sentre-dechirent-569283.html>(Consulté le 30/05/2022)

[29] Binge, « Virginie Despentes | Queen Spirit ». Disponible sur : <https://www.binge.audio/podcast/les-couilles-sur-la-table/virginie-despentes-queen-spirit> (Consulté le 12/07/2022)

[30] Neon, « Pureté militante, culture du "callout"…, op. cit.

[31] Ibid.

[32] Ibid.

[33] carla bergman et Nick Montgomery, Joie militante, op. cit., pp. 215-216.

[34] Aurore Koechlin, La révolution féministe, op‧cit., p. 133.

[35] carla bergman et Nick Montgomery, Joie militante, op. cit., p. 221.

[36] Ibid.

[37] Mia Mingus citée par carla bergman et Nick Montgomery, Joie militante, op. cit., p. 109.

[38] carla bergman et Nick Montgomery, Joie militante, op. cit., p. 231.

[39] Le DDV, « Daniel Bernabé : "Le néolibéralisme a confondu la différence et l’inégalité" », 4 mai 2022. Disponible sur : <https://www.leddv.fr/entretien/daniel-bernabe-le-neoliberalisme-a-confondu-la-difference-et-linegalite-20220504> (Consulté le 13/07/2022) ;

et Nancy Fraser, Le féminisme en mouvements, Paris, La Découverte, 2012, p. 10 et 230.

[40] bell hooks, De la marge au centre, Paris, Cambourakis, 2017, p. 101. (Mis en gras par nous.)

[41] carla bergman et Nick Montgomery, Joie militante, op. cit., pp. 218-219.

[42] Starhawk, Comment s’organiser ? Manuel pour l’action collective, Paris, Cambourakis, 2021, p. 218.

[43] Patrick Traube, Violence(s), Saint-Germain-en-Laye, ODIN, 2002.

[44] Ibid., pp. 152-156.

[45] Ibid., pp. 177-183.

[46] Starhawk, Comment s’organiser ? Manuel pour l’action collective, op. cit., p. 220.

[47] Judith Butler, La force de la non-violence, Paris, fayard, 2021, pp. 26-27.

[48] Le conflit, « L'ennemi principal, de Christine DELPHY », 11 avril 2012. Disponible ici : <https://www.leconflit.com/article-l-ennemi-principal-de-christine-delphy-103237578.html> (Consulté le 15/07/2022)

[49] Sarah Schulman, Le conflit n’est pas une agression, op. cit.

 

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