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Publications
en Éducation Permanente

De la désobéissance civile à Liège

A propos de désobéissance civile à Liège. Rapportée par celles et ceux qui la font. Qui la vivent. Qui sont toutes et tous traversé·es par elle, dans tous les interstices de leur vie. A propos de pratique, d’actions menées, d’affects, de ses conséquences, et d’enjeux qui la défient en permanence. A propos de vous, qui vous y retrouverez d’une manière ou d’une autre.

De la desobeissance civile a liege

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Table des matières

Préambule___4

Introduction___5

Un peu de méthodo___6

Désobéissance civile à Liège : une présentation___7

Les désobéissant·es, qui sont-iels ?___8

Pourquoi ce choix de la désobéissance ?___10

L’impact et l’utilité des actions de désobéissance civile___10

Le risque d’épuisement versus militer dans la joie___12

La stratégie en désobéissance civile___13

La désobéissance, un art de vivre___15

Quels types d’actions ?___16

Freins à la désobéissance civile : des enjeux de pouvoir en action___27

Enjeux de pouvoir communs aux collectifs___27

Des éléments structurels traversant le réseau désobéissant___29

Contexte spécifique au réseau désobéissant___30

La désobéissance civile : un acte citoyen !___32

Actions des associations institutionnalisées et hauts-faits des collectifs indépendants...___35

Conclusion___37

Annexe : Glossaire des collectifs de désobéissance civile___39

Préambule

En 2021, nous nous sommes lancé·es sur le chantier de la désobéissance civile. Avec l’ambition de parcourir et d’apprendre à connaître en profondeur l’histoire et la géographie de la désobéissance civile dans le monde, et en particulier la désobéissance féministe. Nous publiions, d’une part, en mai de cette année l’étude « Désobéissance civile et féminisme : lutter contre les dominations et les lois injustes »[1], un écrit de René Begon et Anne Delépine.

D’autre part, ayant un certain ancrage dans un réseau désobéissant liégeois, via Ginger, un collectif féministe créé au sein du CVFE, et via les expériences pratiques de travailleur·euses de l’association, nous avons souhaité creuser ce sujet passionnant en l’abordant sous un autre angle, à la fois pragmatique et affectif, en allant à la rencontre de celles et ceux qui font cette désobéissance, pour apprendre à les connaître et comprendre en quoi consistent leurs actions : qu’est-ce qui motive celles et ceux qui les mènent et quels sont les enjeux qui les traversent ?

Dans une démarche à la fois très différente et complémentaire de notre première étude, appréhender la désobéissance civile de cette manière permet de la saisir en quelque sorte « sur le vif », grâce notamment aux savoirs chauds de celles et ceux qui la mettent en pratique. En analysant l’acte de désobéissance via les voix des actrices et acteurs-mêmes, ce texte espère donc réussir à rendre palpables les tensions et les élans (intérieurs et relationnels) liés à de telles pratiques de résistance mais aussi l’importance de défendre la possibilité que ce type d’actions politiques existent.

Vivant dans une société où nos réclamations politiques sont peu entendues ou ne sont suivies d’aucun effet, – de la dénonciation de l’indifférence par rapport aux féminicides à l’opposition à la venue du géant chinois Alibaba à Liege Airport[2] –, et où les injustices prospèrent grâce à la coopération, volontaire ou passive, d’une majorité des citoyen·nes, nous pensons que le choix de s’ouvrir ou non à la désobéissance civile est une question que chacun·e d’entre nous doit aujourd’hui se poser.

Introduction

Ce qui nous a poussé·es, René[3] et moi, à aller à la rencontre de désobéissant·es liégeois·es, c’est cette curiosité, cet entrain, cette excitation à l’idée de découvrir un monde de militant·es acharné·es, vouant toutes leurs forces à changer, ici et maintenant, notre société saccagée par les inégalités.

C’est cette envie de découvrir leurs méthodes et de nous en inspirer. De les relater à travers ces lignes pour, qui sait, pousser chacun·e d’entre nous vers un peu plus de désobéissance.

C’est le projet de révéler un peu le parcours et le vécu de ces acteur·ices de l’ombre. Leur rendre un tantinet justice dans cette société qui les dépeint régulièrement comme des indésirables, vandales, hors-la-loi, avec comme conséquence symbolique de les délégitimer. Alors que la désobéissance civile, que certain·es nomment d’ailleurs « désobéissance démocratique »[4], « loin de nuire à la démocratie, […] cherche à la défendre en la protégeant contre ses propres dysfonctionnements [et peut donc être] envisagée [au contraire] comme un progrès pour la démocratie ».[5]

C’est l’envie d’être touché·e. De capter leurs motivations, leurs valeurs et la rage qui les animent. De comprendre leurs choix d’action. Pourquoi la désobéissance civile plutôt qu’une autre forme de lutte ? S’adonnent-iels d’ailleurs à d’autres types de combats ? S’investissent-iels dans d’autres projets politiques aux atours jugés peut-être socialement plus acceptables ?

En tant qu’association féministe, cette étude, c’est aussi le projet de mettre en lumière la spécificité de la désobéissance féministe, à Liège, en relatant les actions qu’iels mènent et leurs revendications, ainsi que leur mode de lutte en non-mixité[6] de femmes et personnes trans et non-binaires. C’est aussi l’ambition de détailler le contenu des actions qui sont notamment menées dans des collectifs anticapitalistes en mixité de genre pour tenter de se représenter une image un peu plus globale de la désobéissance civile à Liège.

C’est enfin l’envie d’aller suffisamment loin dans l’analyse, en cherchant à identifier quelques-uns des enjeux qui traversent les réseaux des désobéissant·es, ceux notamment relatifs aux rapports de pouvoir présents en son sein.

Un peu de méthodo

Afin de ne pas nous éparpiller, nous avons décidé d’interviewer des désobéissant·es liégeois·es uniquement. Nous nous sommes concentré·es sur Liège car elle notre ville à René et à moi, et elle est aussi la ville d’implantation de notre collectif, le CVFE. Ce choix a pour conséquence l’étude d’un terrain spécifique et limité, certes, mais qui, en tant que ville moyenne européenne au XXIe siècle, demeure représentatif, par son histoire et sa population, de nombreuses autres villes similaires. Et à ce titre, ce qui s’y joue en termes de luttes sociales et de désobéissance ne peut que faire écho à l’expérience d’autres lieux et d’autres militant·es.

Notre étude relève d’une forme d’exploration du sujet, le milieu étant vaste et pas toujours évident à identifier, ces militant·es travaillant pour beaucoup en cercle restreint et dans l’ombre. Nous avons dès lors ici interviewé des militant·es appartenant à un certain réseau, qui ne peut pas être considéré, par conséquent, comme représentatif de l’ensemble du réseau de désobéissance civile liégeois.

Nous avons rencontré 13 personnes dans le cadre d’entretiens individuels, dont les propos ont été ensuite anonymisés. La plupart avait entre 25 et 35 ans. Parmi elles, on retrouve des femmes cis, et/ou non-binaires, racisées, invalides, précarisées, et/ou issues de l’enseignement supérieur.

Désobéissance civile à Liège : une présentation

Considérée de manière générale, la désobéissance civile consiste en des actions politiques collectives visant à faire émerger publiquement des injustices jusqu’alors occultées. Elle est extra-légale. Elle a très souvent lieu après qu’aient été tentés tous les recours à la voie légale. Ses actions ne s’exercent pas contre les lois mais contre leur sacralisation. Elle est enfin indéfectiblement liée à la non-violence. Cette notion, cependant, n’implique nullement la fidélité à l’ordre établi. Au contraire, elle affectionne particulièrement les tendances anarchistes[7] et révolutionnaires.[8]

A Liège, les désobéissant·es que nous avons interviewé·es sont actives/ifs dans 15 collectifs.[9] Ces collectifs œuvrent dans les luttes anticapitaliste, antisexiste, antiraciste, écologiste, ou de manière transversale à ces différentes thématiques. Chaque collectif a pour base les valeurs défendues par l’une de ces luttes mais englobent également souvent celles défendues par les différentes autres. Des alliances entre les collectifs ne sont d’ailleurs pas rares.

  • Lutte anticapitaliste : Liège sans Pub, Stop Alibaba, Riposte (dissous en 2019)
  • Lutte antisexiste : La Barbe, Collectif 8 mars, La Tête Haute, Glue Gang, Ginger
  • Lutte antiraciste : La Voix des Sans-Papiers de Liège, Migrations Libres
  • Lutte écologique : Act for Climate Justice, Extinction Rebellion
  • Lutte transversale : Front Antifasciste Liège, Centre Social autogéré Entre-murs Entre-mondes, Cortège de Braises

Nous avons cherché à rencontrer des personnes actives dans des collectifs antivalidistes[10] et antiracistes en non-mixité (c’est-à-dire entre personnes invalides ou racisées) mais soit il n’en existe pas (encore), soit nous n’avons pas réussi à prendre connaissance de leur existence. Nous aurions aimé aussi rencontrer des personnes ayant participé aux « émeutes » antiracistes du centre de Liège au mois de mars 2021[11], ou des Gilets Jaunes, mais pour diverses raisons ces entretiens n’ont pu avoir lieu.

Les désobéissant·es, qui sont-iels ?

D’un point de vue sociologique, les militant·es du réseau que l’on a rencontré·es avaient certains points communs. Le milieu est avant tout jeune (majoritairement dans la vingtaine et la trentaine) et blanc, et rassemble des personnes au profil généralement fort intellectuel, capables de tenir des discours pointus en matières politiques. Beaucoup sont donc éduqué·es[12] et salarié·es. La mixité de genre est assez bien assurée dans les collectifs, à l’exception de l’un ou l’autre seulement[13]. Le milieu des désobéissant·es semble aussi comprendre un nombre assez représentatif de personnes neurodivergentes[14]. Enfin, des personnes trans sont aussi actives dans le milieu, principalement dans les collectifs féministes.

L’entrée dans la désobéissance se fait souvent via les canaux du militantisme. Ainsi, L., militante cis blanche à la Barbe et Liège sans pub, explique son adhésion par son parcours de collectif en collectif : d’abord un GAC (Groupe d’Achats Communs), puis les Amis de la Terre, puis les Alteractif/ves. B., militante cis blanche, raconte, elle, que son entrée dans le milieu est passée successivement par son désir de s’informer sur les violences sociétales, puis par son besoin de s’investir personnellement, dans un premier temps en allant manifester, puis en s’engageant au sein de Liège sans Pub. Précisons qu’entrer dans ce collectif a été possible grâce à l’une des réunions ouvertes qu’organisent régulièrement ses membres.

Les désobéissant·es rencontré·es sont des personnes défendant des valeurs de justice sociale à consonance souvent anarchiste. Fortement affecté·es par la présence sans cesse renouvelée des violences systémiques dans la société (les violences racistes, sexistes, capitalistes, spécistes, …), iels luttent pour un changement radical de celle-ci, ici et maintenant. C’est ce dont nous parle B., qui ressent un fort besoin de s’investir pour contribuer à faire advenir un changement sociétal :

« La plupart des gens de mon cercle que je connais et que je côtoie ont cette envie de faire bouger les choses, sinon ils ne seraient pas là. C’est un peu l’essence même du militantisme, c’est de vouloir que ça bouge, de s’investir pour un changement, une transition, une ouverture. […] Moi, si je fais de la désobéissance civile, c’est dans le but d’interpeler les politiques et de suggérer qu’on est là et qu’il y a quelque chose qui se prépare, une latence. […] Et à mon échelle, je sais que j’ai tout à fait la possibilité de le faire. Et je pense que s’il n’y a pas un mouvement citoyen plus fort et pas « seulement » de la manifestation ou du plaidoyer, ça ne changera pas. »

Selon Manuel Cervera-Marzal, chargé de recherches FNRS en science politique à l’Université de Liège, la désobéissance civile est un outil qui, dans un État démocratique, permet de réagir, dans l’immédiat, à des lois (ou pratiques) injustes. De ce point de vue, il ne s’agit pas de délinquance[15], et ce même lorsque la désobéissance prend la forme de « violences », pour la plupart contre des objets symbolisant le capitalisme (banques, panneaux publicitaires, filiales de multinationales,…)[16], ou de comportements de défense contre les forces répressives de la police. Pensons par exemple aux black blocs, aux gilets jaunes ou aux « émeutiers » de la place Saint-Lambert du mois de mars 2021.[17]

Les désobéissant·es sont à la fois mu·es par des convictions et des valeurs très ancrées, et par une forte colère, proportionnelle à l’importance des inégalités systémiques. C’est pourquoi iels ressentent le besoin urgent d’être dans l’action et de viser au plus près les symboles des systèmes de domination. M., militante noire sans-papiers à la Voix des Sans-Papiers, nous confie en effet qu’elle ressent un profond « ras-le-bol » vis-à-vis du gouvernement et de ses politiques anti-immigration. R., précédemment militante racisée au Collectif 8 mars, nous explique que sa colère est liée au fait qu’elle se situe en première ligne pour encaisser les conséquences des inégalités (en tant que mère solo, en tant que femme ayant migré plus ou moins récemment, …).

Pourquoi ce choix de la désobéissance ?

L. nous confie que pour elle, la désobéissance civile, « c’est un moyen d’action rapide », « une action visible », quelque chose qui lui permet de s’exprimer.

L. nous dit ensuite que ça lui fait un « bien fou », que ça lui procure une « poussée d’adrénaline » au moment où elle désobéit, et qu’elle aime particulièrement le « côté ludique et enfantin » qu’il y a derrière certaines formes de désobéissance civile. V., jeune militante cis blanche d’Entre-murs entre-mondes, nous partage son expérience, qu’elle décrit comme exaltante, avec le centre social autogéré :

« C’était nouveau pour moi, braver l'interdit et faire quelque chose en quoi on croit. Et du coup, il y avait un peu une exaltation comme ça. Et tout le monde était dans le même état parce que personne n'avait jamais squatté. Et c'était tout intense ! Le premier été qu'on a passé, il faisait beau, il y avait plein de gens qui venaient tout le temps. Je pense que je n'ai jamais rencontré autant de personnes différentes. Il y avait les Gilets Jaunes qui venaient, même les gens avec qui je squattais, je ne connaissais pas la plupart. Et tout le monde était bienvenu et genre "venez habiter avec nous et on va faire quelque chose ensemble de toute cette énergie-là", c'était absolument dingue ! »

V. nous dit aussi que ça lui fait du bien, qu’elle s’amuse. Et qu’elle ignore le résultat concret auquel ça mène mais que de toute façon, elle n’aurait pas envie de faire autre chose. Elle n’irait « quand même pas [se] taper dans un boulot avec des horaires. » En d’autres mots, elle nous dit : « Je pense qu’un des trucs clés pour réussir à continuer à militer, c'est de faire des trucs qui nous font plaisir, et que ça ne soit pas juste tout le temps une recherche d'efficacité. ». Les mots de V. ne signifient pas qu’elle ne se préoccupe pas de l’efficacité des actions de désobéissance civile. Elle pointe cependant l’importance d’en retirer du plaisir.

L’impact et l’utilité des actions de désobéissance civile

L’impact des actions de désobéissance civile est de toute façon assez difficile à évaluer quand l’effet se dessine sur le moyen ou long terme. Comme C., militante cis blanche à La Tête Haute et au Glue Gang, nous le dit, elle ne peut que supposer que telle action ait favorisé telle loi ou telle prise de conscience. On peut en effet affirmer qu’une des grandes implications de la désobéissance civile est qu’elle interroge en grande partie les consciences des individus, et que par conséquent ses effets pragmatiques sur la loi ne se font pas nécessairement ressentir directement. C’est ce qu’Alexander Sell, philosophe, met particulièrement en évidence : selon lui, la désobéissance civile est un moyen efficace pour provoquer un changement social car elle permet de donner une voix aux opprimé·es, autrement ignoré·es, qui démontrent sur l’espace public l’absurdité de la loi à laquelle iels s’opposent. « Elle agit comme un mécanisme qui oblige les individus à se confronter aux contradictions entre l'éthique et la loi »[18] et les confronte individuellement à leur propre système de croyances.

Parfois le sentiment d’avoir eu un impact est beaucoup plus tangible, comme celui de N. par rapport à l’arrêt des visites domiciliaires, qui est survenu quelques mois après l’action d’occupation des bureaux de l’ONEM qui sera décrite plus bas. Ou quand la cible répond publiquement[19] à une action, telle le festival Esperanzah, qui avait reçu la visite de la Barbe Liège sur sa scène en 2018. Depuis, iels visent la parité sur leur affiche mais aussi au sein de leur équipe.

L’impact est en effet plus évident à mesurer quand les actions cherchent à avoir un effet direct. C’est le cas de l’occupation de la Chartreuse, au sujet de laquelle nous sommes heureuxses de rapporter qu’un accord avec le Bourgmestre a été trouvé en cette veille de publication de l’étude, à l’automne 2022. Ainsi, la société Matexi ne pourra pas poursuivre de projet immobilier sur le site.[20] De la même manière, les actions de Stop Alibaba & co pourraient avoir un impact très clairement identifiable elles aussi puisqu’elles visent spécifiquement, depuis deux ans maintenant, l’extension de l’aéroport de Liège.

Les piquets de grève ou certaines actions des Gilets Jaunes ont également des implications directes. Dans ces situations, la répression policière est dès lors très forte. C’est ce que F., militant cis blanc au Front Antifasciste, nous explique :

« Les piquets de grève, c’est une des actions qui je pense est la plus efficace, parce qu'on n'est plus dans le symbolique, on est dans de la logistique, on empêche que le marchand soit en train de fonctionner, on empêche qu'une usine soit en train de tourner et on empêche que des marchandises soient acheminées. Mais ça attire beaucoup plus de répression, et c'est autant le cas pour la FGTB[21], quand elle a osé refaire des "actions courageuses", que pour les gilets jaunes. Les gilets jaunes en Belgique n’étaient pas beaucoup, mais ils et elles ont quand même organisé des actions qui ont eu un impact assez fort, dont bloquer les raffineries, et par conséquent ils ont subi une très forte répression policière. »

Le centre social Entre-murs Entre-mondes connait également bien la répression policière puisque la police a cherché à les expulser de deux bâtiments vides qu’il occupait. C., de manière générale, ressent d’ailleurs que « la répression policière est si forte qu’il y a très peu de moyen de faire quelque chose ».

De la même façon, Manuel Cervera-Marzal observe que de tout temps, « du mouvement des droits civiques aux antimilitaristes allemands, les pouvoirs politiques n’ont cessé de réprimer [les désobéissant·es] […] ». « Étrangement, écrit Michel Foucault, cette pensée [de promotion de la justice] semble avoir fait plus peur que l’illégalité elle-même ». »[22]. Autrement dit, ce qui dérange les politiques, ce serait moins la pratique de la désobéissance civile – toujours marginale et maîtrisée par l’État – que ses idées.[23]

Le risque d’épuisement versus militer dans la joie

Il arrive que les militant·es se sentent affecté·es par le peu d’avancées obtenues. T., militant·e blanche non-binaire[24], se dit parfois que la désobéissance, « c'est trop énergivore par rapport à ce que ça représente comme gains en termes politiques ». La tâche elle-même que les militant·es se fixent peut leur paraitre immense et il arrive qu’iels se découragent face à ce constat. C’est ce que nous dit G. :

« Parfois je me pose la question de l'utilité de ce qu'on fait. Mais il y a toujours des gens pour dire qu'en fait oui c'est utile et je ne sais pas à quel point ils disent ça pour se convaincre. En fait, la tâche me paraît tellement grande que parfois on perd un peu espoir. Mais c'est bizarre, c'est comme si on devait nourrir notre foi comme un chrétien. Je crois qu'il y a des militants, c'est pareil, ils doivent ne pas oublier d'y croire parce que sinon, on peut se laisser abattre par une perception des choses très, très pessimiste et à quoi boniste, et fataliste. Moi, je suis un peu toujours entre les deux. »

T. ressent aussi que la lutte peut être ardue. Elle se déroule de plus dans un cadre qu’elle ressent comme tenant peu compte des affects :

« Avec les gens avec qui je trainais, c’était dur de remplir des besoins de sécurité, d'affection, … Parce que tout le temps en fait, on parle de lutter, d'ennemis, de prendre des risques et tout. Et en fait ça a commencé à me saouler que tous les gens autour de moi c'était juste ça, le lien qui nous réunissait. […] Tu ramènes tout toujours à une idéologie et pas à des affects, tu vois ? Tu ne te bats pas pour tes amis ou ta famille ou toi-même. Tu commences à te battre pour quoi ? Genre le monde ! »

C’est pour ça qu’une partie des militant·es mettent régulièrement l’accent dans leur discours sur prendre soin de soi et des autres, car le domaine du militantisme peut être assez éprouvant. Une partie d’entre elleux prônent également une lutte dans la joie et dans le ressenti de ses affects[25], plutôt que dans une posture qui se révèle être assez pessimiste et dans le mode du sacrifice de soi. Afin de l’illustrer, C. nous parle des émotions qu’elle était si heureuse de vivre lors du Cortège de Braises :

« Moi j'essaye d'expliquer à ma maman pourquoi j’étais allée danser sur le pont Saint-Léonard alors que c'était le couvre-feu et que du coup je risquais une amende. C’est un truc tout bête, on n’a rien gagné mais, je ne sais pas, le fait de danser tous ensemble sur le pont alors que ça faisait des mois qu'on n'avait plus pu faire quoi que ce soit… […] C’était beau de faire quelques fuck aux flics. C'était un beau moment, on a juste mis de la musique et on dansait, ce n'était pas grand-chose. Et on était juste nassé·es sur un pont, ce n'était pas ouf à la base. Mais on a rendu ça un peu joyeux et toute la manifestation au final était très joyeuse avec des danseurs, des cracheurs de feu, …  C'était très festif au final. Il n’y avait rien de bien violent mais c’était quand même de la désobéissance civile. » ; « Je suis contente d'avoir eu un peu de joie dans le cœur, un petit moment. Je crois que c'est important et je continuerai même s’il n’y a pas de retombées directes. »

La stratégie en désobéissance civile

On perçoit ainsi dans ces derniers propos qu’il se dessine une forme de tension entre l’importance de ressentir de la joie dans la lutte et le niveau d’efficacité des moyens mis en œuvre lors de l’action.

A., de son côté, militante noire handicapée, pointe particulièrement l’importance de s’interroger par rapport à la stratégie qui est menée : « Concrètement, qu'est-ce que tu vas faire ? Quelle est ta stratégie ? Quelle est, concrètement, l'ossature de tes actions ? », car « on est fort dans les idées mais il faut du concret. Parce que le quotidien et les discriminations, les préjugés et les luttes sont justement des choses concrètes : c'est des altercations dans la rue, ce sont des violences dans le couple, dans les relations, c'est du vol, c'est du non-respect des conditions de travail, ou même l’absence de contrat de travail sous prétexte que tu n'as pas les papiers… ».

« Parmi les mécanismes influant directement sur les succès de l’action directe non-violente, cinq semblent particulièrement importants : les ateliers de formation à la non-violence, le choix du bon objectif, l’unité et l’organisation du groupe, la prise d’appui sur l’opinion publique et le dosage adéquat entre persuasion et coercition. », Manuel Cervera-Marzal[26]

G. trouve aussi que le plus difficile dans le milieu de la désobéissance, c’est de mobiliser et de « questionner la pertinence de nos actions par rapport aux enjeux ». F. pense d’ailleurs, en évoquant l’homogénéisation du milieu, que c’est l’absence d’un travail de fond qui va finir par gravement fragiliser les collectifs :

« On n’a pas réussi à éviter l'entonnoir d’homogénéisation. Et moi, à titre personnel, je pense qu'on peut en ressortir sans souci ou même créer autre chose aussi, parce qu’à Liège il y a vraiment un potentiel de ouf. Et donc, est-ce qu'on est suffisamment, maintenant, à être gêné·es par ça pour le prendre en main ? Je crois que oui. Par contre, dans mon collectif, le fait qu'on n'en fasse pas une priorité parmi tous les trucs en retard, c'est ça qui va nous enterrer au fur et à mesure. Tu vois, si on ne se rend pas compte que l'urgence ça ne suffit pas. Il faut aussi un travail de fond. »

G. insiste, elle, au contraire sur ce sentiment d’urgence : « on n’a pas le temps de prendre du recul pour se demander si ce qu'on fait est encore pertinent et […] on y va à fond parce que on n'a plus le temps de réfléchir, il faut agir. » C’est ce que critique A., militante noire, qui croit davantage en un travail sur le long terme, afin d’asseoir le noyau dur du groupe :

« Je trouve que dans la culture rwandaise, il y a une espèce de force tranquille, l'idée de prendre le temps de mener ta stratégie pour parvenir à tes fins, alors que, je trouve, dans la culture européenne, en l’occurrence ici belge, il y a un côté où il faut tout de suite que ce soit efficace. Parce que si ce n'est pas efficace tout de suite, les gens vont se casser, les gens vont se lasser, etc. Alors je trouve qu’on critique beaucoup la culture plutôt africaine ou en tout cas du Sud, où on dit "ouais mais vous vous bougez quand ? Il y a quand du résultat ?", etc., mais ici c'est beaucoup de la débrouillardise je trouve qu’on voit sur le long terme. En Afrique, il y a plus de soudure dans le groupe et les victoires sont peut-être moins tape-à-l’œil mais le socle du groupe a tendance à être beaucoup plus solidaire et dure sur le plus long terme, alors qu’ici, je trouve, dans les groupes, c'est fort l'histoire de quelques réunions et puis après ça a tendance à pourrir et après on se demande "qu'est-ce qu'on fait là quoi ?". Alors que si tu consolides tes trucs petit à petit, après t'as un noyau dur qui reste quoi qu'il arrive. »

R. met particulièrement l’emphase sur l’importance de consolider un mouvement :

« Si tu veux que les quartiers répondent, tu dois les convaincre, tu dois séduire, tu dois créer un mouvement, une base. Mais le collectif [dont j’ai fait partie] est resté entre soi, entre militants, jeunes et sympas. Pour moi, dans l'action politique, il y a deux côtés : soit tu fais des choses publiques et tu partages massivement, soit tu fais des choses pour des copains, mais ça, tu peux le faire à côté. Ce n’est pas de là que va partir un mouvement plus large. »

La désobéissance civile pourrait dans ce sens être une forme de réponse à un problème plus large : celui de l’isolement des personnes, du manque de partage, d’échanges, de création avec nos semblables. La famille nucléaire et l’individualisme suintants nous confinent dans nos petits espaces fermés, alors que les communautés ont tant à apporter, en termes d’entraide notamment. C’est ce que nous transmet G. :

« Comment est-ce qu'on recrée du commun en Occident ? Comment est-ce qu'on casse l’atomisation des gens dans leur maison, qui ont du mal à se mobiliser, même à l'échelle d'un quartier ou même parfois d'une colocation ? »

La désobéissance civile pourrait constituer une réponse particulièrement pertinente en raison des marges de liberté qu’elle permet, n’étant a priori dépendante d’aucun socle étatique ou institutionnel.

La désobéissance, un art de vivre

Les quelques paragraphes précédents laissent entrapercevoir que la désobéissance, ou la militance de manière générale, semble être un art de vivre pour la plupart. Nombreux·ses sont celleux qui nous ont dit « désobéir au quotidien » : à la fois dans leurs actions directes et via leurs emplois salariés, que ce soit dans leur refus à un niveau plus individuel de répondre positivement aux injonctions de l’État qu’iels jugent injustes (en choisissant par exemple d’apporter une aide solidaire aux nécessiteuxses durant le confinement), ou dans leur volonté de lutter, quel que soit le contexte, contre toute forme de violence. L., prof, a rejoint un collectif qui vise à créer un « type d'école différente, avec des pédagogies alternatives et une participation des jeunes plus importante ». D., militant·e blanc·he, est salarié·e dans un collectif d’éducation permanente. A. nous dit lutter à travers les formes d’art que sont le stylisme, la couture et la peinture.

Le cas de V. et M. qui vivent en squat est particulier. On peut dire que leur projet politique traverse complètement leur quotidien, des actions politiques qu’elles mènent jusqu’à leur manière de se loger en communauté, de se nourrir, … au cœur de cette même communauté qui élabore ensemble les projets de désobéissance civile. C’est en quelque sorte du militantisme H24. « Le simple fait » de vivre dans un squat constitue en lui-même une action de désobéissance civile, et un moyen de combler un gros manquement politique relatif à l’accès au logement. Le projet de V. consistait à la base en un centre social autogéré, « un lieu de rencontre où on essayait de remettre un lieu à la disposition des habitants du quartier, de proposer des activités culturelles, politiques, de pouvoir être un endroit où des militants de différents horizons, se rencontrent ». C’était un « catalyseur à action : un endroit où on faisait des assemblées, des luttes et où on pouvait directement avoir 6 personnes sous la main si on voulait sortir le soir pour faire une action. Et au fur et à mesure, c'est devenu mon mode de vie presque. Et toute cette manière de rencontrer les gens, de vivre avec les gens, de faire des réunions, de gérer les tensions, de gérer la bouffe, de partager presque tout, j'y ai fort accroché, alors que je n'y aurais peut-être pas cru à la base. »

M. vit également en squat, davantage parce qu’elle a moins de choix niveau logement en raison des politiques anti-immigré·es.[27] Elle vit avec 14 autres personnes et s’adonne également avec elles à des activités politiques : « S’il y a des manifestations, on y va ensemble, pour ceux qui sont disponibles. Et sinon, s'il y a les réunions de la Voix des sans-papiers, on se réunit, les 52 du collectif, plus les autres sans-papiers qui sont à Liège. Et souvent, même des individus qui ne sont pas de Liège se joignent aux manifestations, aux réunions, aux AG, … ».

Enfin, certain·es s’interrogent par rapport à la place que prend la désobéissance dans leur vie. G. dit avoir l’impression d’être en lutte sans arrêt. « Mais on s'habitue en fait, jusqu’à ce qu'on n’ait plus d’énergie. » Car la lutte « c'est souvent après le boulot, sur tes vacances, … » nous dit A. C’est pourquoi certain·es (qui peuvent avoir le choix), comme L., décident de travailler à mi-temps, pour pouvoir militer ainsi que prendre soin de soi.

A. de son côté prône plutôt une réorganisation des luttes, avec notamment davantage de synergie entre les collectifs, pour permettre aux militant·es d’économiser un peu de cette énergie qui menace si souvent de s’épuiser. 

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Pour citer cette étude :

sandre roubin, "De la désobéissance civile à Liège", Collectif contre les violences familiales et l’exclusion (CVFE asbl), octobre 2022. URL : https://www.cvfe.be/publications/etudes/433-de-la-desobeissance-civile-a-liege

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Avec le soutien du Service de l’Education permanente de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Wallonie.


Notes :

[1] René Begon et Anne Delépine, « Désobéissance civile et féminisme : lutter contre les dominations et les lois injustes », CVFE, 2022. Disponible sur : <https://www.cvfe.be/publications/etudes/418-desobeissance-civile-et-feminisme-lutter-contre-les-dominations-et-les-lois-injustes> (Consulté le 09/09/2022)

[2] Voir par exemple : Collectif mensuel, « Une intervention visuelle sur le militantisme à Liège », brochure 2022. Disponible sur : <https://collectifmensuel.be/sites/default/files/CM_Brochure_Exposition_BAT.pdf> (Consulté le 16/09/2022)

[3] René était précédemment chargé de recherche au CVFE et est à présent chercheur bénévole.

[4] Daniel Markovits, « Democratic Disobedience », Yale Law Journal, 114, 2004, cité dans Guy Aitchison, « (Un)civil Disobedience », Raisons politiques, vol. 69, n°1, 2018, pp. 5-12. Disponible ici : <https://www.cairn.info/revue-raisons-politiques-2018-1-page-5.htm#no7>

[5] Manuel Cervera-Marzal, Désobéir en démocratie, Paris, Aux forges de Vulcain, 2013, p. 14.

[6] La non-mixité est un « outil militant consistant à organiser des rassemblements réservés aux personnes appartenant à un ou plusieurs groupes sociaux considérés comme opprimés ou discriminés ». Source : Laure Dasinieres, « La non-mixité choisie racontée par celles qui la pratiquent », Slate, 10 mai 2021. Disponible sur : <https://www.slate.fr/story/208601/reunions-non-mixtes-mixite-choisie-racontee-espace-liberte-securite-minorites-feminisme-racisme-validisme-amendement-unef-separatismes> (Consulté le 02/05/2022)

[7] « L'anarchisme […] regroupe plusieurs courants de philosophie politique développés depuis le XIXe siècle sur un ensemble de théories et de pratiques anti-autoritaires basées sur la démocratie directe et ayant la liberté individuelle comme valeur fondamentale. […]

Fondé sur la négation du principe de domination d'un individu ou d'un groupe d'individus dans l'organisation sociale, l'anarchisme a pour but de développer une société sans classe sociale. Ce courant prône ainsi la coopération dans une dynamique d'autogestion. Contre l'oppression, l'anarchisme propose une société basée sur la solidarité comme solution aux antagonismes, la complémentarité de la liberté de chacun et celle de la collectivité, l'égalité des conditions de vie et l'autogestion des moyens de production (coopératives, mutuelles). » Source : Wikipédia, « Anarchisme ». Disponible sur : <https://fr.wikipedia.org/wiki/Anarchisme> (Consulté le 05/05/2022) (mis en gras par nous).

[8] René Begon et Anne Delépine, « Désobéissance civile et féminisme. Lutter contre les dominations et les lois injustes. », op. cit., p. 16. ;

Manuel Cervera-Marzal, Désobéir en démocratie, op. cit., pp. 78-80.

[9] Nous présentons ces collectifs dans une annexe située en fin de document.

[10] L’antivalidisme est un « mouvement de lutte contre le validisme ». Source : Wiktionary, « Antivalidisme ». Disponible sur : <https://fr.wiktionary.org/wiki/antivalidisme> (Consulté le 28/08/2022)

Le validisme est une « oppression vécue par les personnes vivant en situation de handicap physique ou mental ». Source : Wiktionary, « Validisme ». Disponible sur : <https://fr.wiktionary.org/wiki/validisme> (Consulté le 28/08/2022)

[11] Des faits de pillage, vols, dégradations et agressions envers la police ont eu lieu à Liège le 13 mars 2021 en réaction à l’arrestation violente d’une dame d’origine congolaise par la police une semaine auparavant. La police l’a plaquée au sol alors qu’elle était place Saint-Lambert, en plein centre de la ville. La victime en a été fort affectée et a déposé plainte au contrôle interne de la police de Liège.

Voir notamment : Afrikaleaks, « Débordements à Liège suite à l’arrestation musclée d’une congolaise », 15 mars 2021. Disponible sur : <https://afrikaleaks.com/debordements-a-liege-suite-a-larrestation-musclee/> (Consulté le 03/05/2022)

Ce genre d’émeutes est un évènement courant dans l’histoire. Elles s’assimilent à une forme d’action collective et politique qui a lieu en réaction au harcèlement policier. Elles sont un phénomène de protestation morale et de demande de respect. Et relèvent donc en raison de ces caractéristiques de la désobéissance civile (voir notamment l’explication de Manuel Cervera-Marzal à la page 12).

Source : Michel Kokoreff, « Sociologie de l'émeute », CAIRN, 4 (30), 2006, pp. 521 à 53. Disponible sur : <https://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=DS_304_0521&download=1> (Consulté le 29/05/2022)

[12] Diplômé·es de l’enseignement supérieur et/ou autodidactes.

[13] Tels Riposte CTE ou le Front Antifasciste de Liège.

[14] Le terme « neurodivergent » désigne « toute personne dont le fonctionnement neurologique est différent de la norme mentale dominante et ce de façon durable ». Source : Ta psychophobie m'envahit, « Accueil ». Disponible sur : <https://tapsychophobiemenvahit.wordpress.com> (Consulté le 13/05/2022)

[15] En termes d’analyse politique, non au vu de la loi.

[16] « Le caractère non-violent de la désobéissance réside dans le refus radical de porter atteinte à l’intégrité physique ou morale de l’adversaire. » ; « La force physique exercée contre la propriété est qualitativement différente de celle exercée contre une personne, et l’on ne saurait réduire l’identité d’un être humain à l’ensemble de ses possessions, de sorte qu’on ne peut réellement parler de « violence » pour désigner les atteintes aux biens. » Source : Manuel Cervera-Marzal, Désobéir en démocratie, op. cit., p. 26 & 22.

[17] Nous avions proposé une grille de lecture de ce type de « violences » dans une précédente analyse : sandre roubin, « La violence des opprimé·es », CVFE, 2020. Disponible sur :

<https://www.cvfe.be/publications/analyses/331-la-violence-des-opprime-es> (Consultée le 09/06/2020)

[18] Alexander Sell, "The Function and Efficacy of Civil Disobedience", Aquila – The FGCU Student Research Journal, Vol. 2, n°1, 2016, pp. 26-27.

[19] Esperanzah, « Focus sur notre affiche paritaire ! ». Disponible sur : <https://www.esperanzah.be/focus-sur-notre-affiche-paritaire/> (Consulté le 27/09/2022)

[20] Un air de Chartreuse, « CHARTREUSE : UN ACCORD EST TROUVÉ ». Disponible sur : <https://chartreuse-liege.be/> (Consulté le 26/09/2022)

[21] Fédération Générale du Travail de Belgique

[22] Manuel Cervera-Marzal, Désobéir en démocratie, op. cit., p. 11.

[23] Ibid.

[24] La non-binarité est « un terme parapluie qui regroupe toutes les identités de genres qui ne sont ni exclusivement féminines ni exclusivement masculines ». Source : https://www.cosmopolitan.fr/non-binarite-etre-non-binaire-ca-veut-dire-quoi,2054424.asp (Consulté le 28/08/2022)

[25] C’est le sujet du livre « Joie militante », de carla bergman et Nick Montgomery, dont voici un extrait du quatrième de couverture : « La joie, au sens spinoziste du terme, renvoie à notre capacité à affecter et être affecté·e·s, à prendre activement part à la transformation collective, à accepter d’en être bouleversé·e·s. La joie telle qu’elle nous est ici proposée est une façon d’habiter pleinement nos mondes, nos attachements, plutôt que de chercher à les diriger. » Source : Marion Dos Santos Clara, « Être non-binaire, ça veut dire quoi ? », Cosmopolitan, 9 décembre 2021. Disponible sur : <https://www.editionsducommun.org/products/joie-militante-carla-bergman-nick-montgomery-traduction-juliette-rousseau> (Consulté le 06/06/2022)

[26] Manuel Cervera-Marzal, Désobéir en démocratie, op. cit., p. 90.

[27] « Nous entendons tous les jours des discours d’impuissance et de haine à l’égard des exilé·e·s. Dans ces discours, il y a deux idées directrices. La première c’est que ces exilé·e·s constitueraient un problème pour le pays dans lequel iels se trouvent : si ça va mal, ça serait à cause d’elleux. La seconde est qu’on serait dans l’impossibilité d’accueillir « la déferlante qui nous envahit » – la phrase « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde » résume bien cette posture.

Dans les deux cas, les exilé·e·s sont perçu·e·s comme une menace : dans le premier cas, leur « culture » fantasmée, leur « religion » fantasmée, leurs « coutumes » fantasmées seraient dangereuses pour l’Europe (elle aussi, bien sûr, fantasmée). Dans le second cas, il serait impossible d’accueillir dignement des exilé·e·s sans détraquer l’économie du pays : dans la bouche de certains, c’est donc même pour leur bien, par souci de respect pour leur dignité qu’on les refuse, comme on les repousse en mer par ailleurs pour les aider à s’affranchir des passeurs qui les spolient. »Source : Migrations libres, « Précaires et exilé·e·s : une nécessaire lutte commune ». Disponible sur : <https://migrationslibres.be/lutte-commune/> (Consulté le 09/05/2022)

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